lundi 29 avril 2013

Canard sauvage

Si tu ne prends jamais l'air au jardin du vent, tu ne sais pas qu'en des temps pas si lointains un joyeux poulailler enchantait le-dit jardin. 
Les premières poulettes de l'histoire se prénommaient Priscilla, Sharon et Monica. De belles poules jusqu'au bout des ergots. 
Les ergots qu'elles ne vernissaient que pour elles-mêmes. Jusqu'à l'apparition de George, un grand canard de Rouen à l'air clownesque (what else?) dont on nous fit cadeau. Le canard de Rouen, si tu ne situes pas bien, c'est un colvert de la taille d'une oie, bête et méchant. Ce n'est par conséquent pas le plus beau des cadeaux.
George se prenait pour le roi de la basse-cour. Bien qu'il eut l'air niais de n'importe quel canard du monde, il se la pétait grave. Même nous, il nous regardait de haut en caquetant d'un air dédaigneux. Il ne pouvait pas blairer notre chien qu'il attaquait sans vergogne. 

Avant de lire ce livre-là, je me disais que j'avais mal jugé ce pauvre George.
Malgré tout ce que j'avais vu, de mes yeux vu, je doutais qu'un canard puisse avoir bon ou mauvais esprit intentionnellement.
Désormais je sais que le canard n'est pas ce qu'on croit.

Si toi aussi tu détestes les canards, prends une heure et lit cette jolie fable.

Si toi aussi tu adules les canards, prends une heure et lit cette jolie fable.

Coin. Coin coin.

" - Nous refusons absolument tout ce qui sort de l'ordinaire.
 - Eh ben, ça doit vous faire une petite vie bien merdeuse et salement étroite, non? Alors voilà: il se trouve que vous avez ici un canard d'attaque dressé pour le Kung-Fu et spécialement élevé pour nous par la société Tong. Nous la laisserions bien à la maison mais elle massacre tous les coyottes." 

Coin.

L'oiseau Canadèche, Jim Dodge, éditions 10/18, traduction Jean-Pierre Carasso

vendredi 26 avril 2013

Au suivant

J'avais été particulièrement émue par L'envoûtement de Lily Dahl, lorsque j'y songe j'entends la douce voix de Barbara qui avait accompagné ma lecture.
Sans craintes j'ai donc choisi Un été sans les hommes.
Et rien.
Sauf Abigaïl et ses broderies à double-sens.
J'ai beaucoup aimé ce personnage qui impose discrètement et subtilement son espièglerie au monde.

Moi Je Me Balance by Barbara on Grooveshark

Un été sans les hommes, Siri Hustvedt, éditions Actes Sud, traduction Christine Le Boeuf

mardi 23 avril 2013

Mon premier est le neuvième

Comment ça , un tracé d'autoroute, des paysans, des vaches, un vétérinaire inséminateur et un border collie un peu débile ça peut pas faire une bonne BD?

On parie?


Par ici tu peux faire plus ample connaissance avec Etienne Davodeau, le type qui arrive à dessiner l'air con des vaches quand elles courent...


...pour le reste, jette-toi sur ce petit livre excellent à la santé.

Rural! Etienne Davodeau, éditions Delcourt

lundi 22 avril 2013

Blop

Il est des textes dont je pense qu'ils sont quelque chose, qu'ils ont une valeur certaine, mais auxquels je reste absolument et d'une déconcertante façon, totalement hermétique.
Ce livre-là en est un exemple.
























Qu'avons-nous fait de nos rêves? Jennifer Egan, éditions Stock, traduction  Sylvie Schneider

samedi 13 avril 2013

Ça n'arrive pas qu'aux autres

Côté fille seule, jolie rencontre, rocambolesque et couverture rose fuchsia, je vote sans hésitation pour L'Embellie, mais je dois reconnaître que dans la morosité ambiante, derrière les carreaux ruisselants de pluie, guettant fébrilement le retour des hirondelles, je me suis laissée faire par celui-là:


Une fois n'est pas coutumes, je n'ai pas détesté un phénomène grand public. Comme j'avais adhéré au Mec de la tombe d'à côté, j'ai trouvé agréable de tourner les pages d'un livre facile, drôle et bien mené.
Je t'entends ricaner...soit prudent(e) quand même tu n'es pas à l'abri de tomber dedans aussi!

Demain j'arrête, Gilles Legardinier, éditions Pocket

jeudi 11 avril 2013

La lecture, un regard

"Tu lis toujours des livres qui ont de ces titres...", me dit ma collègue de travail.
J'ai de la chance, j'emporte des livres au travail, parce que parfois je lis au travail.
Mes collègues de travail piochent dans mes livres, mais n'y trouvent pas souvent leur bonheur.

A l'un d'entre eux j'ai déjà dit que peut-être il n'aimait tout simplement pas lire. Mais il persévère, il a envie d'y prendre du plaisir. Quand cela vient-il?
J'ai toujours aimé lire, je me souviens des mes bibliothèques roses avec délice, je me souviens de mon impatience de pouvoir ouvrir le nouveau que je venais de recevoir.

Est-ce que tout le monde aime lire dès le départ?

Cela est-il en lien avec l'apprentissage de la lecture, avec un texte déclencheur, ou cela dépend-il seulement d'une vue de l'esprit?

Pourquoi un livre ne fait-il pas le même effet à chacun? 
Pourquoi les mots qui me caressent, hérissent-ils l'autre lecteur? Pourquoi les histoires qui me lassent en fascinent-elles tant d'autres? Pourquoi un texte qui me tourneboule t'indiffère à ce point?

Pourquoi suis-je absorbée par l'écriture de Maylis de Kerangal? Comment puis-je trouver du plaisir à lire un livre tel que celui-là?

Juste pour ça, 
"Il sourit, il se trouve beau à côté d'elle, il aime que cette fille l'envahisse comme le dehors envahit la capsule, s'y engouffre, reconfigure leur présence et débride leurs mouvements tout autant que la libre circulation de leurs fantasmes, il aime le rapport de leurs deux corps qui grandissent et rapetissent comme dans un conte magique à mesure qu'ils se touchent, à mesure qu'ils enclenchent maintenant les gestes banals d'une première fois et que la cabine de verre, elle, devienne la scène toujours renouvelée des intrigues."
Pour ces belles longues phrases qui font se perdre l'imagination, et pour tout le reste.



Naissance d'un pont, Maylis de Kerangal, éditions Folio

Fil de lecture #18

Bye-bye Barbery Lane, Chroniques de SF, Saison 6, Armistead Maupin, éditions 10/18, traduction François Rosso

mardi 9 avril 2013

S'il te plaît, dessine-moi une chanson

Faut que je te dise. Les z'ovni existent. J'te jure. J'en ai vu un dimanche. Je l'ai même tenu entre mes mains (si c'est possible! C'est pas forcément surdimensionné un ovni).
Sa couleur? Vert bien évidemment, avec une sorte de rayure brique et du blanc aussi.
S'il véhiculait des individus? Oui oui, Dominique A et Philippe Katerine.
J'te jure.
Une histoire de fou.



Si tu rêves de connaître le vrai nom de Dominique A, si tu aimes les univers décalés, si tu aimes les histoires policières, si tu n'aimes pas Frédéric François, si tu trouves Philippe Katerine drôle, si tu aimes la bande dessinée, et même si tu n'en es pas fan, tu devrais jeter un oeil sur cette objet dessiné et très bien identifiable.

J'aurai ta peau Dominique A, Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Balez, éditions Glénat  

dimanche 7 avril 2013

Double sens

Jeune adolescente, ma première lecture de L’Écume des Jours m'avait profondément marquée. Je m'en souviens comme du texte qui m'a donné envie de comprendre la technicité de la langue, qui m'a offert un monde dont je soupçonnais l'existence mais dans lequel je n'avais jamais vraiment plongé: la poé-sie et -tique.
J'y étais entrée toute entière, pétrie de mon innocence d'alors.
J'ai pris un nouveau bain quelques années plus tard et une once d'innocence en moins. Même effet, quelques degrés de compréhension en plus, mais il n'en demeurait pas moins une douceur enveloppante, voilant l'atrocité du dénouement.
Le lire une fois encore aujourd'hui me l'a rendu presque inacceptable. Je me suis laissée encore emportée par la virtuosité de l'écriture, mais je n'ai été emprunte que de la noirceur du fond.

De la douce écume couvrant la confiture qui cuit, je suis passée à l'écume qui file au coin de la bouche malade.



L’Écume des Jours, Boris Vian, édition de la Bibliothèque du Temps Présent

samedi 6 avril 2013

Savoir faire

Chaque fois que j'ai entre les mains une bande dessinée d'Etienne Davodeau, je me répète qu'il est sans conteste l'auteur qui doit faire aimer cet art-là au plus ardent des réfractaires.
Loin de moi l'idée qu'il est un auteur facile...au vu des sujets auxquels il s'attaque on pourrait même s'attendre au contraire, mais il a l'art et la manière d'attraper au vol l'attention du lecteur, et du non-lecteur. 
Les Ignorants n'échappe pas à cette loi, tu peux faire le test. 


Comme ses autres livres, Les Ignorants ne se raconte pas. 
Il se lit, se feuillette, se regarde. Sans modération.
Miraculeusement, il se boit aussi.


Les Ignorants, Récit d'une initiation croisée,  Etienne Davodeau, éditions Futuropolis

mardi 2 avril 2013

Et Vian

Au hasard de mes balades je suis tombée sur un challenge qui me titille, d'autant que je viens juste de reprendre L’Écume des Jours pour la jenesaispascombientièmefois.

Il s'agit d'un challenge initié par L'oeil qui fume, si tu trouves l'idée alléchante, tu liras toutes les règles établies pour ce défi sur son blog.


Je m'inscris d'ores et déjà dans la première catégorie, espérant bien atteindre la troisième illustrée de ma chanson favorite de Vian

lundi 1 avril 2013

L'écriture au bout des doigts

Jamais tu n'aurais cru que tu lirais avec plaisir un texte sur la guerre. La première qui plus est. Et pourtant cet après-midi, tu as lu cette guerre-là avec bonheur. 
Tout ça pour un type. Un type que tu ne connais même pas, mais qui te caresse de sa plume depuis plusieurs années déjà. 
Cette histoire n'augurait rien de bon, puisque ses premiers mots pour toi avaient été Je m'en vais, mais tu l'as suivi, telle une ombre avide. Il a traîné avec Des grandes blondes, t'a fait Courir et Un an plus tard t'a présenté Ravel, entre autres pages.
Parmi celles d'aujourd'hui, tu lis ceci:
"Ne fût-ce qu'à cause de ces deux-là, le pou, le rat, obstinés et précis, organisés, habités d'un seul but comme des monosyllabes, l'un et l'autre n'ayant d'autre objectif que ronger votre chair ou pomper votre sang, de vous exterminer chacun à sa manière - sans parler de l'ennemi d'en face, différemment guidé par le même but -, il y avait souvent de quoi vous donner envie de foutre le camp."
Si tu pouvais, tu le lirais les yeux fermés.

"Se laissant plutôt aller à surveiller les signes du printemps - c'est toujours émouvant à observer, le printemps, même quand on commence à connaître le système, c'est une bonne façon de se changer les idées -, Arcenel s'est montré tout aussi  attentif au silence, silence à peine teinté par les grondements du front jamais si loin, et qui ce matin d'ailleurs tendaient à s'atténuer."
De cette si belle façon il te fait traverser cette infamie du début du vingtième siècle.

14, Jean Echenoz, éditions de Minuit 
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