jeudi 27 juin 2013

Si tu croises un bison en colère, ne cours pas, propose-lui plutôt une bière

Au risque de mettre de mauvais poil un bison que je connais bien, enfin que je connais un peu (en vérité je ne le connais pas trop mais, bien que nous ayons un petit contentieux en matière de toile cirée, j'aime beaucoup le lire) bon, je disais qu'au risque de mettre ce bison de mauvais poil (et un bison de mauvais poil je me demande si c'est pas un peu dangereux), au risque donc de le mettre de mauvais poil, je dois avouer platement que malgré la maison rouge sous la neige pour laquelle j'ai carrément craqué, je n'ai pas du tout accroché à l'écriture de Rick Bass. 

Et pourtant, j'aime tout. La neige, le feu qui crépite, la nature, les animaux qui viennent frotter leur museau au carreau, la musique, l'écriture, le silence, l'isolement, le défi, la différence. Tout. 
Pourquoi n'ai-je pas aimé ce livre, alors?

J'ai un autre Rick Bass qui m'attend. 
J'y dénicherai peut-être une explication.



Winter, Rick Bass, éditions Folio, traduction Béatrice Vierne

dimanche 23 juin 2013

Dévorante lecture

Y a des jours où tu lirais n'importe quoi juste pour t'échapper.
Y a des jours donc, où tu attrapes le premier livre que tu trouves, sans regarder de quoi il s'agit.
Et y a des jours où t'as la main heureuse.
Tu as lu ces premières lignes:
"Un jour, j'ai reçu une lettre, une longue lettre pas signée. C'était un évènement  car dans ma vie je n'ai jamais reçu beaucoup de courrier. Ma boîte aux lettres se bornant à m’annoncer que la-mer-est-chaude ou que la-neige-est-bonne, je ne l'ouvrais pas souvent. Une fois par semaine, deux fois les semaines sombres, où j'attendais d'elles, comme du téléphone, comme de mes trajets dans le métro, comme de fermer les yeux jusqu'à dix puis de les rouvrir, qu'elles bouleversent ma vie.
Et puis ma mère est morte. Alors là, j'ai été comblée, pour bouleverser une vie, la mort d'une mère, on peut difficilement mieux faire." 
Et lorsque que tu relèves les yeux, il s'est écoulé quelques heures, tu viens de lire les dernières lignes et tu es toute ébaubie par ce texte. Tu l'avais acheté parce que tu avais lu de beaux articles le concernant, mais tu l'avais laissé de côté, parce qu'en vérité tu pensais qu'il était victime de son succès. La fin du résumé de la quatrième de couverture:
"Peu à peu, Camille comprend qu'elle n'est pas étrangère au terrible secret que cette correspondance renferme."
te faisait craindre le pire.

Tu te confortes dans l’idée qu'il ne faut jamais se fier aux quatrièmes...ni résumer aucun livre.

Tu sais maintenant que sous "terrible secret" peut se cacher un petit trésor d'écriture et d'émotion. Tu sais aussi que celles et ceux qui l'ont lu savent, et qu'il y a les autres, encore étrangers à la confidence.


Le confident, Hélène Grémillon, éditions Folio

Ce livre vous est offert par votre libraire #2

Ce mortel ennui vous est offert par votre éditeur...
Pas très argumenté comme article, je te l'accorde.
Malheureusement je n'ai rien à ajouter de plus, au risque d'être désobligeante.

Eloge des femmes mûres, Stephen Vizinczey, éditions Folio

mardi 18 juin 2013

Erreur d'aiguillage

Emmanuel Carrère. Le type qui s'attaque à des trucs pas rigolos rigolos. 
Le type qui s'est interrogé sur le cas de Jean-Pierre Romand, et qui a correspondu avec lui avant d'écrire L'Adversaire
Le type qui a vécu plusieurs semaines avec Edouard Limonov avant de publier un livre qui le raconte
Le type D'autres vies que la mienne
Le type d'écrivain qui travaille son sujet.

J'avais entendu des choses sur La Moustache. Je me souvenais plus ou moins qu'un film en avait été tiré (réalisé par ce cher Emmanuel lui-même). C'est un livre qui a presque trente ans, il a eu le temps de faire parler de lui, et de disparaître pour mieux resurgir au fil de diverses rééditions.

Je croyais que c'était drôle.

Je crois n'avoir jamais lu quelque chose d'aussi terrifiant.

Alors, mon cher Emmanuel, 
Laissez-moi vous dire que vous gardez votre place dans mon panthéon des auteurs, mais sachez que vous y avez pour un temps celle peu envieuse de celui qui m'a fait flipper grave. A cause de vous,  je n'ose même plus demander à mon conjoint si je suis mieux avec ou sans moustache, de peur qu'il me soutienne que je n'en ai jamais portée. 
Je ne vous en veux pas, je pense même que c'est un livre qui mérite d'être lu. Je suis certaine que travailler sur ce sujet-là n'a pas été qu'une partie de plaisir, et je préfère ne pas savoir d'où vous est venue telle inspiration.
Bien à vous,
Ps: c'est drôle cette moustache que vous arborez sur les photos qu'on trouve de vous partout...ça vous est venu comment?
Crédit photo / Télérama 

La Moustache, Emmanuel  Carrère, Editions Folio

mercredi 12 juin 2013

La liste de mes courses

Beurre
Fruits
Croquettes + sachets chats
Poisson - crevettes
Cotons-tige
Dosettes
Sacs poub
3 tuteurs tomates
Éponges
Lessive
Lait
4 yao....j'arrête là, je sens que tu te lasses.

Ça fait même s'hérisser les tulipes...et crois-moi pour faire réagir une tulipe, il en faut.


La liste de mes envies, Grégoire Delacourt, éditions du Livre de Poche

dimanche 9 juin 2013

Le printemps est aussi une qualité

"...le printemps est aussi une qualité et il n'y a pas de raison pour qu'un jour de printemps ne prenne pas place à n'importe quel moment de l'année."
Ne serait-ce que pour cette phrase-là, il faut lire Elles ne se rendent pas compte.
Il est un des livres que Vian publia sous le nom de Vernon Sullivan, un de ses innombrables pseudonymes. 
C'est un texte plein de tout Vian: la poésie, la fraîcheur, la drôlerie, l'imaginaire.
Toi qui l'a lu, je t'entends taper du sabot; oui il y est question d'homophobie, oui il y transparaît une violence intolérable, mais c'est justement là que réside le génie de cet homme: traiter de sujets indéniablement graves en ayant l'air de le faire à la légère.

J'avance à petits pas dans mon challenge Boris Vian, initié par l'oeil qui fume. Je me balade avec délice dans cet univers si moderne malgré son âge avancé.

Si tu es tenté(e) par une escapade enchantée, je te conseille un tour sur le site officiel de l'énergumène. N'hésite pas à y promener ta souris avant de t'abandonner sur la page.
Bon voyage.


Fil de lecture #21

Espace vide, Trekel Risbjerg, éditions Treize Etrange

samedi 8 juin 2013

Mange, tu ne sais pas qui te mangera

C'était un samedi d'avril. Il aurait pu faire beau. Il tombait des cordes. Des seilles. 
Tu attendais, attablée contre la vitrine d'un bistrot. Tu avais un petit livre glissé dans ton sac. Un café insipide posé devant toi. Pour en passer le goût, tu as pris le livre.

Tu avais lu Le Pingouin, tu t'attendais alors à quelque chose de saugrenu. Tu ne fus pas déçue. Tu dégustas cette cinquantaine de pages. Attablée, à savourer les plats décrits au fil des pages, tu en oublias ton café, qui ne méritait pas meilleur sort.

Il te fallut demander un verre d'eau pour faire passer le goût de la fin. Pour le goût du café, il était trop tard.

Truite à la slave, Andreï Kourkov, éditions Liana Levi - Piccolo


jeudi 6 juin 2013

Muratti

Je me suis décidée à lire Laurent Gaudé il y a peu. Je ne sais pas ce qui me retenait. Je sais juste que j'aurais dû me laisser faire avant.
J'ai lu Ouragan. Il m'a fait un effet tel que j'ai bien été incapable d'écrire quoi que ce soit à son propos. Les personnages m'ont bouleversée, j'avais l'impression de pouvoir les toucher, je me suis totalement laissée happer par cette écriture.

Et puis j'ai pris entre mes mains Le soleil des Scorta.

Tu te souviens de mon émotion à la lecture du Coeur Cousu de Carole Martinez, je l'ai retrouvée intacte dans ce soleil-là.

J'ai senti la chaleur et la rudesse du soleil de plomb du sud de l'Italie, j'ai senti le poids de tous les secrets peser sur mes épaules, j'ai senti les parfums et les odeurs, les parfums des oliviers, les odeurs de tabac et de sueur, j'ai entendu craquer la croûte du pain et claquer les talons des enfants dans les ruelles.

Et j'ai vu. J'ai vu ces hommes et ces femmes s'aimer et se détester, j'ai vu les ombres se faufiler, j'ai vu les rayons du soleil traverser les vitraux de l'église.

J'ai tout vu. J'ai presque tout entendu.

Je ne dirai rien.







"Lorsque le soleil règne dans le ciel, à faire claquer les pierres, il n'y a rien à faire. Nous l'aimons trop cette terre. Elle n'offre rien, elle est plus pauvre que nous, mais lorsque le soleil la chauffe, aucun d'entre nous ne peut la quitter. Nous sommes nés du soleil. Sa chaleur, nous l'avons en nous. D'aussi loin que nos corps se souviennent, il était là, réchauffant nos peaux de nourrissons. Et nous ne cessons de le manger, de le croquer à pleines dents.
[...]
Nous sommes les mangeurs de soleil." 

Le soleil des Scorta, Laurent Gaudé, éditions Actes Sud
 

lundi 3 juin 2013

No comment

C'est l'histoire d'un banc. 
Ce sont 325 planches de traits purement poétiques.
C'est un banc éminemment politique.
C'est un banc.
C'est un peu de bois et d'acier.



       

Un peu de bois et d'acier, Chabouté, éditions Vent d'Ouest                                                                                           
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