mercredi 27 novembre 2013

Lettre à Bjarni

J'ai lu ta lettre ce matin. Si je n'étais déjà morte depuis longtemps, elle m'aurait achevée.
Non mais, Bjarni.
Je n'ai jamais rien dit à personne, je me suis enflammée pour toi, je brûlais sous ton regard, sous tes caresses. Entendre ta voix me faisait battre le coeur à tout rompre, des étincelles me parcouraient des pieds à la tête.

Non mais, Bjarni.
Tu m'as laissée me consumer. Tu m'as refusé notre fille. Tu m'as gâchée.

Et tu écris désormais ta douleur et ton amour pour moi...
Non mais Bjarni. Bjarni de Kolkustadir, qui es-tu pour coucher de la sorte les replis de ton âme sur le papier ? Qui imagines-tu que je fus pour supposer que je sois flattée de t'émouvoir autant que ton nouveau tracteur?
Non mais Bjarni. Et te satisfaire d'une agnelle pour épancher ton désir à mon endroit...

J'aurais pu aimer te lire. J'aurais pu apprécier ta poésie par-delà la puanteur des moutons, j'aurais pu accepter tes dérives, j'aurais pu comprendre ta volonté de rester, j'aurais pu.
Si tu n'avais pas attendu que je ne sois plus.

J'étais vivante. Je t'aimais. Je suis morte.

***

J'ai lu La Lettre à Helga d'une traite, le jour où je l'ai reçue. Je ne l'ai pas aimée. Je n'ai pas compris pourquoi ce texte me hérissait. Je l'ai relu. Je me suis rendue compte que cette écriture trop travaillée exacerbait la lâcheté de Bjarni et me le rendait totalement insupportable. Je n'ai pas lu dans ses lignes la profondeur qui a émue tant de lecteurs. Je suis peut-être passée à côté, à moins que je sois entrée en plein dans ce que cherchait Bergsveinn Birgisson.

J'ai reçu et lu cette Lettre dans le cadre des matchs de la rentrée Priceminister que je remercie ainsi que les éditions Zulma, qui d'ordinaire me transportent...


Le Lettre à Helga, Bergsveinn Birgisson, éditions Zulma, traduction Catherine Eyjolfsson

dimanche 3 novembre 2013

Ticket

C'est assez simple, en fait...ça commence par une histoire d'huîtres à huit heures du matin, suivent un homard et des rames, pour finir au bord de la mer.

Entre deux, il y a de l'amour, du désamour, de l'amitié, de la haine, du théâtre, de la musique, des regards et des  bretzels. Des corbeaux aussi. Quoi tu comprends rien... c'est pourtant pas si difficile, regarde:
"Un usager insensible peut parfaitement trouver son trajet monotone. Il passe son chemin un chaperon sur les yeux, sans goûter la poésie d'une infiltration nouvellement apparue, sans s'intéresser à la menace d'un dégât des eaux, ignorant que le métro à l'âge de ses galeries.
Les gens ne regardent pas autour d'eux. Ils ne font d'ailleurs pas plus attention à la coiffure de leurs femmes qu'au fait qu'elles se soient rasé la moustache. C'est peut-être un problème d'éducation. On passe à côté de sa vie."
Ah pardon, tu n'avais pas tilté pour le métro...le titre, le "ticket", les rames ça suffisait pas.

Bon.

Alors soyons plus académique. Il s'agit d'un livre d'un jeune auteur qui comme son personnage principal est une voix: il est acteur et double les films étrangers. (C'est chiant en fait, hein quand c'est un peu académique).
Le style de Stéphane Ronchewski oscille entre la poésie surréaliste et le dialogue de série télé, et crois-moi cela donne un mélange très drôle et aéré, alors que c'est un livre finalement très pessimiste. Cette écriture très moderne se croque à pleines dents...et pas seulement parce qu'il y est beaucoup question de nourriture.

Au fil des pages, me sont revenus en mémoires quelques passages des Poissons ne connaissent pas l'adultère de Carl Aderhold, on y retrouve cette belle idée que de jolies choses sont possibles dans les transports en commun. Très vite le sens des réalités refait surface et engloutit les jolies choses tant espérées.

Je remercie Babelio et les éditions de la Martinière de m'avoir permis de découvrir cet auteur au nom pas très facile à retenir mais que je vais suivre attentivement.

Pour Invalides changer à Opéra, Stéphane Ronchewski, éditions de la Martinière

Millénium

Ma première rencontre avec Blomkvist a été un peu chaotique. Je devais attendre mon tour à la bibliothèque avant d'avoir le plaisir de passer quelques heures avec lui. 
Faut dire qu'il sentait encore l'encre et venait juste de pointer son nez dans les rayonnages francophones et qu'il était la coqueluche de la cité. 
Je ne peux pas dire que j'ai succombé à son charme dans l'immédiat. La place de détective au charme indéfectible étant déjà occupée par deux concurrents de première classe, Adamsberg et Erik Winter, il avait du boulot le Mikael. Mais je sentais bien que quelque chose  de sérieux se tramait entre lui et moi.

Alors j'ai eu envie de le voir sur grand écran...c'était pas lui, c'était Daniel Craig. 
J'ai observé ses traits sous le pinceau de José Homs, il ne ressemblait pas non plus au Mikael que j'avais rencontré.

Cet été, je l'ai trouvé affalé dans une caisse sous une table, aux puces. Je l'ai pris délicatement et l'ai porté sous mon manteau pour le protéger de la pluie qui tombait. De retour à la maison, je nous ai installés confortablement, et j'ai reposé me yeux sur lui. 
Il m'a plu, au moins autant que la première fois.

Millénium, Stieg Larsson, éditions  Actes Sud, traduction Lena Grumbach et Marc De Gouvenain
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