samedi 10 janvier 2015

"Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte", Victor Hugo



Tristesse. Épouvante. Incrédulité. Indignation.
Tu as peut-être été élevé aux animateurs télé, ou aux albums pour enfants, ou aux histoires contées, que sais-je encore.
Ou comme moi, as-tu été nourri au "Petit Ménestrel" et aux dessinateurs de presse. Dans la maison de mon enfance pas de télévision, mais la radio, la presse et des livres. En abondance.
J'ai des souvenirs très précis du Canard Enchaîné, de Hara-Kiri, du Hérisson même, avant qu'il ne tourne un peu mal. J'avais le droit de regarder, j'étais fière de jouer à la grande qui lit le journal, j'avais les explications que je demandais. J'ai des souvenirs de Droit de Réponse. Pas de poste de télévision à la maison, mais chez mes grands-parents où on passait les week-ends et où j'avais le droit de regarder avec les grands cette émission qui me faisait un peu peur parce que les participants s'engueulaient souvent mais j'adorais ne pas comprendre et attendre que ma mère m'explique ce qui s'y était dit. 
Je n'ai jamais cessé de lire la presse, satirique tout particulièrement. A l'université, j'ai appris l'histoire des médias, de la presse, de sa liberté et de la censure.  Ma conscience politique et socioculturelle s'est forgée page après page, dessin après dessin.
J'ai des souvenirs de Cabu à Récré A2 chez les copines le mercredi. Elles attendaient les dessins animés, et moi j'étais scotchée par ce type rigolo qui dessinait l'émission.
Et le type rigolo s'est fait exécuté. Et ce n'est pas du cinéma. 
Charlie c'était pas Récré A2, mais on imagine bien l'ambiance de récréation qui sans aucun doute y régnait. La potacherie, la rigolade, les grandes discussions, les bousculades intellectuelles, les grosses disputes, les retrouvailles. La  L I B E R T E .
Bien que je n'y crois pas, j'ai envie d'imaginer que leur paradis est une grande cour dans laquelle ils resteront tous d'éternels grands enfants.

lundi 5 janvier 2015

Sans voix

Tous les jours des mots résonnent à ton oreille: "clandestin", "travailleur sans-papier", "esclavage", "passeur", "vendeur de sommeil". 
Chaque jour tu regrettes que cela se résume à une énumération de faits d'actualités sans que personne ne prenne véritablement la mesure de cette réalité malheureuse et terrifiante.
Tu ouvres un livre. 
Tu le refermes après l'avoir avalé d'une traite. Tu pleures, tu voudrais le lire à voix haute afin qu'il heurte toutes les oreilles du monde.
Une centaine de pages d'une poésie déchirante, la couleur de miel du désert, la chaleur de cette vie-là, et puis la noirceur du passage dans l'autre monde, celui d'ici, sans concession.

Editions Thot, je vous remercie de ce précieux cadeau littéraire et lui souhaite une vie de livre exemplaire.

Miel et Charbon, Thierry Filou, Editions Thot
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