vendredi 14 août 2015

Chère Alice,

Je viens de terminer ta tordante bande dessinée. J'ai ri, souri, hoché la tête et ponctué pas mal de pages d'un joyeux "comme nous". Bon, nous on ne lui avait pas donné de petit nom (et on n'aurait jamais choisi Jean-Pierre, mais ça c'est une autre histoire), et c'était la première fois (et si possible, la dernière) qu'on cohabitait avec un crabe, mais comme toi, malgré la terreur, on a bien ri. Je dis nous, parce qu'on s'y est mis à deux pour lui faire sa fête. Comme toi, on a trouvé que les autres ne le regardaient pas bien en face et auraient pu être plus souriants. Faut pas leur en vouloir, ils ont fait de leur mieux. Comme toi, on a appris plein de mots qu'on ne connaissait pas, mais bizarrement on ne trouvait pas ça fabuleux. Comme toi, le prélèvement dans la hanche est un souvenir qui s'accompagne de nombreuses grossièretés, mais on est devenu des pros du décryptage des résultats d'analyses (on en tire ce qu'on peut). Comme toi, on a eu un moral d'enfer pendant les mois qu'on a passé à lui ratatiner la carapace (entre nous on disait plutôt lui niquer sa race, mais ici je suis un peu plus soft) et on s'est bizarrement senti abandonné quand il a disparu. Soulagés, mais un retour à la vie réelle pas si simple. Comme on ne savait pas dessiner, on t'a laissé faire, et c'est très bien comme ça !

Tu l'auras compris, la BD d'Alice Baguet est un ouvrage autobiographique qui traite d'une affection dont elle a été victime. Dans la lignée de Leslie Plée, le dessin et le texte sont drôles et dotés d'un réalisme enthousiasmant. Alice Baguet parvient à donner de la légèreté à ce sujet terrifiant. 


Merci à Alice Baguet,  Babelio et les Editions Vraoum pour cette bouffé d'air (qui sentait un peu les raviolis, mais bon).

tous les livres sur Babelio.com


dimanche 2 août 2015

Cacher son je


Parfois tu avances et tu découvres au détour d'un virage ou d'une ruelle ce à quoi tu ne t'attendais pas. Un paysage, un objet, un personnage, un décor qui te prend là telle que tu es. Il t’époustoufle ou t'épouvante, peu importe, il te surprend. Il puise dans des ressources inhabituelles. Il te confronte. Il a cela de merveilleux : il sort de l'ordinaire. Il t'oblige. 
Il est des mots qui ont cette force. Tu es de celles qui puisent au hasard des livres. Tu ne sais que rarement ce que recèle celui que tu choisis. 
Mercredi dernier, tu as pris sous ton aile un texte de Kéthévane Davrichéwy. Tu te souviens avoir lu un échange entre elle et Alex Beaupain dans une revue. Cela t'avait plu. Tu ne savais pas qu'elle tutoyait le succès. Tu viens de découvrir un auteur. Les Séparées  est un texte qui t'a beaucoup rappelé La Mauvaise Rencontre de Philippe Grimbert. L'atmosphère en est proche, la réflexion autour de l'amitié et ses travers aussi. Kéthévane signe un ouvrage court à l'écriture précise et te promène dans des méandres qu'il n'est pas aisé de regarder en face.

Les Séparées, Kéthévane Davrichewy, Editions 10/18
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